"Tu penses me connaître, je fais encore connaissance avec moi-même..."
Découverte [Compte Instagram] : @joachim_sanselm
** Les chiffres ont parlé ! Vous êtes plus nombreux.ses à lire cette newsletter quand elle arrive le midi ! Alors on reste là-dessus, jusqu’à ce que je change d’avis !
J’ai fait une psychanalyse pendant 8 ans 😱
Enfin… Elle a commencé en 2009, il y a eu des pauses, et aujourd’hui encore j’y retourne par période.
Pendant la première séance, je me rappelle que ma psy m’avait félicité d’avoir fait ce pas, que pour elle j’avais déjà pris la décision d’aller mieux.
Et je me rappelle lui avoir répondu :
“Le plus dur, ce n’est pas de venir la première fois, c’est de revenir la deuxième.”
Parce que quand tu as fait la première session, tu as déjà ton shoot de dopamine : l’hormone de la reconnaissance. Tu te dis “ba voilà, c’était pas si dur ! C’est bon, j’y suis allé, maintenant c’est cool, je peux gérer tout seul”.
Alors que quand tu REviens, tu sais que tu t’engages dans du long terme. Et tu sais qu’il y a un coût à cela, en tout cas moi je l’ai vu comme ça : si tu veux vraiment changer, surmonter ton mal-être, tu vas devoir tout libérer, ne plus mettre aucune frontière avec ta psychanalyste. Parce que si tu lui caches le moindre truc, toutes tes années d’analyse n’auront servies à rien : tu auras simplement joué un rôle, ou plusieurs.
Et c’est extrêmement compliqué, parce que ta thérapeute, elle n’est pas te-bê :
Tu sais, un peu comme dans un test de personnalité, quand tu te dis “put…, mais pourquoi ça fait 5 fois qu’ils me posent cette même question, dans un sens différent ????”
Avec une thérapeute, elle va vérifier que tu es toi dans ton entièreté, donc il va bien falloir avouer les trucs un peu “dégueu” que tu es, que tu penses, que tu ressens, que tu portes et que tu fais 👿
Quand tu discutes avec toi-même, c’est plus simple : tu finis toujours par te trouver une explication, une excuse, un chemin ! Je le sais : moi je passais ma vie à ça ado : je m’asseyais le soir au bord de l’eau, à Neuilly Sur Marne, chez ma mère, sur un banc et je laissais passer le temps. Je m’écoutais me parler à moi-même : soit je trouvais des excuses pour justifier et vérifier que j’étais une merde, soit j’en trouvais pour dire que je n’étais pas si mal.
Sauf que ma psy m’a poussé à me poser d’autres questions :
“quel est le bénéfice que vous retirez à vous considérer comme une merde ? Pourquoi vous avez besoin de justifier que vous n’êtes pas si mal ?”
Jusqu’au jour où elle m’a clairement dit :
“Et si vous arrêtiez de vous imaginer sur votre banc, à regarder le monde bouger sur le courant de la rivière, et si vous étudiez plutôt le moyen de prendre des rames et devenir acteur de votre vie à la place ?”
Voilà, ma psy, c’est Mickey Goldmill, sauf que je ne suis pas Rocky, donc moi j’ai mis 8 ans à comprendre.
A comprendre que j’étais centré sur moi, et qu’on l’est tou.te.s et ce n’est pas grave. A comprendre que sur mon banc, je me prenais pour un “badass” de poète maudit. A comprendre que je pouvais choisir les rôles que je voulais mais que j’aimais bien tomber amoureux d’un en particulier : celui qui se complait dans sa douleur, réelle ou artificielle. J’ai fini par capter que j’étais coincé dans un jeu où tantôt j’accuse, tantôt je sauve, tantôt je me plains et que je ne peux pas juste choisir la place qui me plait le plus.
Alors est-ce que je vais mieux ? Oui et non.
J’apprends à mieux m’en sortir avec les règles du jeu, mais je ne les maitrise pas et régulièrement il y en a des nouvelles.
Disons qu’au moins je ne suis plus dupe, par exemple, cette newsletter :
Je sais que je l’écris pour me faire du bien à moi, ça va nourrir mon besoin de reconnaissance quand tu vas m’envoyer un gentil message, ça va remplir mon intérieur égocentrique de montrer à l’extérieur que je connais des choses et ça va me dévaster quand je vais voir que l’un.e de vous se désabonne , justifiant ainsi ma croyance que je suis nul, pour à nouveau me complaire dans ma douleur, là aussi, égocentrique.
Mais à côté de ça, elle m’épanouit ! Parce qu’écrire est un plaisir égoïste qui me fait du bien, ça me remplit parce que certain.e.s d’entre vous m’envoient des nouveaux liens que je découvre et qui nourrissent ma curiosité, ça me fait du bien parce que je sens un maximum de bienveillance dans vos messages, et donc je me sens mieux..
Voilà ce que m’a appris cette psychanalyse : cette prise de recul.
Mais ce que j’ai réussi de mieux avec elle, c’est de créer une extension de moi-même : chez ma psy, dans son bureau, c’est un peu comme dans la tête de John Malkovich : j’ai l’impression que son bureau est une extension de ma pensée, sauf qu’au lieu de parler à mes personnages imaginaires dans ma tête, je parle à quelqu’un de sensé, avec sa propre opinion et qui est formée pour me poser des questions qui vont me faire réfléchir 🤔
Et on passe notre temps à s’auto-juger, très mal, et à construire ce qu’on peut comme image derrière pour jouer un rôle de représentation devant les autres, parce que c’est bien trop dur d’assumer qui on est vraiment.
Et le seul moyen de savoir qui on est vraiment, c’est de répondre à des questions, sans filtre. Alors c’est mieux de trouver un lieu safe pour commencer. Trouve le tiens.
** PS : le titre de cet article est extrait de cette chanson, où une autre phase est magistrale : “On vise les jambes, on te laisse viser la Lune”, on en reparlera bientôt…
Parfois, tout tient en quelques mots …
Avec le temps, et en ressassant ce que j’ai pu échanger dans ce fameux bureau, je me dis que quelques pistes auraient pu m’aider à aller plus vite, sortes de raccourcis.
Seulement à l’époque, je n’étais sûrement pas assez honnête envers moi-même, et surtout je n’avais pas la culture psycho-philosophique nécessaire pour me poser les bonnes questions. Et, je te l’avoue, j’avais beaucoup la flemme d’aller la chercher cette culture là … 🙄
Encore une fois, ça va devenir une trame de fond dans ma newsletter cette histoire mais : maintenant il y a de plus en plus de vulgarisateurs.trices qui font le taff pour toi et qui actualisent cette culture au goût du jour.
Si tu prends le temps de prendre une vue hélicoptère de ta vie, la plus objective possible, alors ce qu’ils.elles font peut t’aider à y voir plus clair quasiment instantanément.
Pour ma part, c’est Joachim Sanselme qui me touche le plus.
En image, je t’ai mis son compte Instagram, où il dissèque en quelques images de BD (6 ou 8 quand tu défiles le carrousel de ses posts) les idées directrices de quelques philosophes ou psychologues pour te donner une piste d’orientation. Ce n’est pas moralisateur, il ne prétend pas détenir la vérité : il raconte juste, de façon très actuelle, ce que ces grand.e.s penseu.rs.ses ont découvert. Et il essaie de se les appliquer à lui-même ou à ses ami.e.s.
Si tu veux esquiver la psychanalyse et gagner beaucoup de temps, inscris-toi à cette newsletter !
Trois exemples marquants pour moi :
Ce ne sont peut-être pas les meilleurs, mais ce sont ceux qui m’ont fait lâcher mon téléphone, rester assis, sans rien dire, en fixant l’horizon et me dire : “Mer.. Fais Ch…..”
Ce que j’en comprends (et c’est très personnel) :
🔄 C’est un processus sans fin : on ne finit pas ce jeu, tu as des “boss” de niveau à battre toute ta vie. Parfois, même après en avoir battu un, ça ne t’empêche de régresser. Et d’autres fois, tu sautes 3 niveaux d’un coup comme quand tu faisais A-BB-AA-BB-… Dans Aladin sur ta manette de megadrive. Tu travailles tout le temps sur toi et ta perception du monde.
🥋 Il te faut une forte humilité : j’en ai déjà parlé. Tu ne sais jamais ce que celui ou celle en face de toi a vécu ou vit encore. Ni comment cette personne a appris à gérer ses angoisses, ses problèmes. Tu as beau avoir validé pas mal d’étapes dans ta quête personnelle, jamais n’arrive un moment où tu peux te dire : “c’est bon, ça y est, j’ai tout fait, c’est aux autres de changer maintenant.”
🔓 On peut tout remettre en question si on accepte les réponses : si ton jeu, c’est de chercher à chaque fois plus loin, plus fort, sous couvert d’ “élévation spirituelle et mentale”, mais qu’au final la seule chose que tu cherches, c’est d’avoir raison, je crains que ce jeu ne te mène nulle part (j’y ai joué, j’y joue encore parfois, et c’est très moyen). Si tu poses une question et que la réponse ne te plait pas, la prochaine question devrait être “pourquoi ça ne me plait pas ?” plus que “quelle autre question je pourrais poser pour montrer que j’ai raison ?”.
Note 1 : ça ne veut strictement pas dire que tout le mal qui arrive est de ma faute, que je me m’excuse d’exister ou que je refoule mes émotions. Ça veut dire que quand je pense quelque chose, je le dis haut et fort mais j’accepte de me tromper, quand je suis doué quelque part je le dis mais je sais qu’il y a meilleur ailleurs, quand j’en ai marre je fais une pause et je dis merde mais je sais qu’il reste du travail.
Note 2 : cette compréhension s’applique à un usage privé, entouré.e de gens de confiance ou voire pour soi-même. Je ne parle pas d’une lutte ou d’une cause que l’on défend publiquement, où là, la rhétorique, l’effet sur les foules, le storytelling, le débat et les émotions (notamment la colère, la tristesse ou l’humour) sont importants et empêchent à juste titre la remise en question permanente. Mais dans ce cas, ce n’est pas mal, de temps en temps, de retourner dans son entourage de confiance et de mettre à l’épreuve ce que l’on pense, de nous, des autres, au sujet de cette cause.
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A demain !