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Que l'on aime la forme qu'il prend ou non, tout art est un vecteur de transmission...
Découverte [Chaine Youtube] : "Le Règlement"
**De quoi va-t-on parler aujourd’hui :
D’une chaine YouTube : Le règlement. Sur cette chaine, Maxime fait un travail remarquable, admirable, irréprochable de traduction du rap français. il décrypte tous les messages cachés des rappeurs à la manière d’une lecture méthodique en littérature. Il nous aide à comprendre leur génie.
Dans cet article, je vais te parler de l’évolution du rap, de son influence jusqu’à nos grandes instances de l’éducation et je vais te dire à quel point selon moi il est un vecteur de transmission pour nos jeunes générations actuelles, dans des valeurs comme le goût de l’entreprise, la force d’y croire et la détermination.**
Il est probable que Booba finisse au Panthéon… 🏛
J’écoute du rap depuis que j’ai 12 ans. De 12 à 18 ans je n’ai même écouté que ça, principalement français.
La conclusion rapide, et certainement partiellement vraie, pourrait être que je m’inscrivais dans un acte de rébellion identitaire :
Blanc, aucune origine ethnique hors des frontières, milieu social ni riche ni pauvre, physique de lâche comme dirait mon pote Julien, globalement sage à l’école, où j’étais également plutôt bon :
Aimer le rap me faisait alors me sentir quelqu’un d’autre, cela me permettait d’exister ou d’exorciser ce côté trop lisse, qui, soit dit en passant, était aussi louche que l’inverse…
Voilà, ça pourrait être la conclusion simple et efficace.
Sauf que non. Autre chose se passait en moi : ma première K7, c’était Paris Sous Les Bombes de NTM. J’ai passé un an à l’écouter en boucle.
Déjà parce que le streaming n’existait pas pour passer à autre chose, parce qu’il aurait fallu inventer le smartphone avant. Alors que je te parle d’une époque où mon expérience en ligne c’était 3615 Astérix (True Story).
Mais surtout parce que c’était viscéral, j’en avais besoin.
Je ressentais quelque chose : du beat au flow en passant par la mélodie. J’étais pénétré par le son, je sentais que mon corps s’emballait, j’étais dans un état de transe. Ça me traversait complètement et ça me donnait envie d’agir, de bouger, de me projeter plus loin dans ma vie, je sentais la volonté d’avoir un impact.
Et le second choc se portait sur les lyrics.
Je les décortiquais, je devais être le seul à l’époque à lire les pochettes de CD quand les paroles étaient inscrites dessus ou à pester qu’elles ne le soient pas. Je me rappelle encore chez ma grand-mère avoir réécrit toutes les paroles de La Fièvre parce que j'avais justement perdu la pochette de la K7.
J’étais impressionné par les phrases, la manière dont elles étaient arrangées ensemble, les expressions, l’identité d’un rappeur qui se manifestaient par l’organisation de ses mots.
Pendant des années j’écoutais Les Sages Poètes De La Rue juste pour le plaisir d’entendre Dany Dan chanter « cuir porteur, Timberlandeur …. ». C’était le seul art verbal qui s’appropriait le langage pour en créer un nouveau, plus représentatif du sens qu’il voulait donner.
Contrairement au reste de la littérature qui cherchait à manier le verbe de la meilleure façon possible, le rap venait sublimer la langue en ce sens qu'il se l'appropriait.
C’était tellement puissant, particulier, original et …. Poétique ….
Moi qui n’ai jamais aimé la poésie, qui n’ai compris qu’à 30 ans la profondeur des Fleurs Du Mal, et bien je vivais chaque phrase d’une track hip hop comme si j’étais à la place du protagoniste.
Je la récitais dans ma tête après l’avoir entendue pour mesurer encore plus son impact. J’étais John Keating qui parle des auteurs anglais.
Plus tard, en grandissant, le rap m’a touché pour d’autres choses :
Il m’a donné une empreinte politique sûrement : un sentiment d’injustice qui ne m’appartenait pas, mais que je faisais mien.
Et je prenais à cœur de le défendre partout où je sentais qu’il fallait le faire : sans argument, sans logique : juste avec la passion que chaque morceau me donnait.
Puis j’ai vu l’évolution du hip hop en France, en tout cas l’évolution que JE ressentais :
1990-1996, les début, l’appropriation du mouvement américain par des artistes français, la volonté de faire passer un message engagé et militant.
1996-2001, Le rap violent, celui qui se déchaine, qui exprime par des mots crus et durs ce que le message des prédécesseurs incarnait, mais le but était de faire peur, puisqu’on (le reste de la population) n’écoutait pas.
2001-2009, l’exploration : le rap en France commence à avoir un certain succès, alors on tente des vibes plus pop, ou electro voire parfois mêlé à des mélodies rurales… C’est la période la moins productive.
2010-2016, Le rap entreprenant : de plus en plus d’indés, le message est toujours parfois politique, parfois violent, mais tu entends de plus en plus le vocabulaire du changement personnel, de la prise de décision, de l’entreprise individuelle. Rappeur = Entrepreneur.
2016-2021, Le rap artistique : ça y est le rap est non seulement main Stream mais meilleur vendeur, donc on s’autorise à aller explorer d’autres pistes, ce qui était un raté en 2000 devient une énorme réussite aujourd’hui : il y a autant de styles de raps qu’il y a de gouts.
Et plus on avance dans cette frise chronologique, plus l’establishment (moi, nous, enfin les non-rappeurs et en particulier le milieu intellectuel) commence à reconnaitre la valeur de ces auteurs compositeurs interprètes.
On n’ose plus si facilement dire que ce sont des clowns avec un micro juste bons à être violents et misogynes. Encore beaucoup le sont, mais le raccourci devient trop gros.
Les rappeurs reprennent des livres, des philosophes, des œuvres d’autres arts comme le cinéma, la peinture, la sculpture.
Plus ça va, plus le rap devient un art à message qui, si tu l'écoutes bien, donne autant de clés que le développement personnel, la startup nation ou encore la socio-philosophie, mais dans un rythme bien plus court et incisif.
En 2016, je me dis que j’ai envie de m’en servir.
J’ai toujours été intéressé par l’éducation et par le moyen d’améliorer ce qui ne m’a pas plu et ce qui ne plait toujours pas à d’autres élèves aujourd’hui.
J’ai envie d’avoir un impact particulièrement dans les milieux scolaires populaires,
parce qu’ailleurs je pense qu’on est mieux accompagné et
retour à la conclusion simpliste du début que, je t'avoue, je ne peux pas nier...
Alors je commence à réécouter tous mes artistes préférés, vieux, jeunes, notoirement engagés ou dans la trap ou la drill.
Dès qu’une mesure me semble philo ou entrepreneuriale, je l’écris dans un fichier, et je finis par crée les slides d’une présentation (on ne se refait pas hein) qui, je l’imagine à l’époque, deviendra mon cours sur « comment devenir entreprenant comme ton rappeur préféré ».
Prez que j’imaginais présenter dans tous les lycées qui voudraient bien m’accueillir, au moins 1 heure, pour faire naître le désir de s’épanouir et de prendre conscience de son potentiel à des enfants qui sont souvent convaincus de l’inverse.
Sauf qu’en 2016, je cofonde mon entreprise , l’excuse toute trouvée pour ne pas avancer sur ce sujet …
Heureusement, le 28 septembre 2016, quelqu’un va créer ce que je n’aurais même pas imaginé en rêve et va surpasser toutes mes attentes dans le domaine, je vais rapidement en devenir fan.
N’oublie pas de t’inscrire pour apprendre d’autres découvertes stockées dans mon cerveau
Ceux qui respectent le règlement ne le respectent pas correctement
Le Règlement, c’est la chaine que j’aurais rêvé créer. Mais soyons honnêtes, il m’aurait fallu 10 ans pour atteindre un cinquième de son talent…
Maxime Braud, aka Brodi, est un génie. Ni plus ni moins.
Dans ses vidéos analyses, il décortique minute après minute un son, un projet complet ou carrément un rappeur pour nous en soustraire la substantifique moelle.
Il rentre dans son esprit, réinterprète ses paroles, contextualise en fonction de sa vie ou de l’année de sortie, liste les références, décode les textes cachés.
Il transforme une œuvre qui peut apparaître brutale ou brouillonne mais souvent cryptée en quelque chose d’abordable, de très claire et compréhensible.
Avec lui, on comprend l’univers mental de Vald et d’où il sort son génie.
Avec lui, on ressent la mélancolie de Nekfeu et son absolue détermination.
Avec lui, on découvre Alpha Wann avant tout le monde,
Avec lui, on sait pourquoi Damso est iconique et qu’il a marqué le rap à vie.
Avec lui, on redonne ses lettres de noblesses au rap.
Et on sait pourquoi Lino finit par intervenir à l’École Normale Supérieure, Booba à Harvard ou encore La Rumeur à Sciences Po.
Le Hip Hop n’est non seulement plus une sous culture, mais devient la culture dominante : par le rap, mais aussi la danse, l’art du graph et surtout pour moi : l’état d’esprit entrepreneurial.
Booba est aujourd’hui, toujours selon moi, un modèle d’entrepreneur à étudier : tout est à prendre, de son état d’esprit à son marketing en passant par son exécution.
Idem pour PNL, JUL ou Kerry James.
L’évolution du rap est l’image parfaite de l’évolution de notre société, lorsque la seconde a longtemps influencé le premier, c’est maintenant l’inverse.
Et ça ne fait pas plaisir aux « c’était mieux avant » dont je parle dans cet article ou j’illustre par le rap ce qu’est l’innovation. J’explique donc pourquoi Booba est le Apple français.
Mes analyses préférées :
Maxime ne fait pas que des analyses : lui aussi il se pose là en tant qu’entrepreneur : il a d’abord créé une communauté, une audience engagée autour de ses analyses, pour ensuite lancer sa marque de vêtements à l’effigie de sa chaine, puis il a organisé des freestyles de rappeurs à l’époque inconnus, pour lancer enfin des concours de productions musicales.
Maxime, il a une vision, il a commencé léger, mais il va finir très haut.
Mais ici, je vais te mettre que mes 3 analyses préférées, car si tu ne connais pas, et pire, si tu n’aimes pas le rap, c’est par là qu’il faut débuter.
En 3x15 minutes, j’aimerais que tu te rendes compte de la puissance à la fois du personnage qui fabrique ces vidéos mais aussi la puissance des artistes qu'il décompose.
Si après ça tu n’aimes toujours pas le rap, alors c’est que je me suis trompé dans mes vidéos favorites, tu dois aller en voir d’autres.
DIFFÉRENT, COMME DAMSO (Analyse Lithopédion) :
Dans cette vidéo, Maxime explique la différence de Damso. Damso c’est le rappeur atypique par excellence. Il est sombre, cru et ne se gêne pas pour montrer les choses les plus immondes afin de nous amener à comprendre qui l’on est vraiment. Il nous amène dans nos bassesses les plus profondes à travers des évidences qui nous insurgent, pour au final réussir à nous faire douter de nous. Cette analyse illustre un point fort de Damso : comment être soi dans un monde qui prône l’uniformité. Comment être vraiment libre dans un monde qui fabrique l’illusion de la liberté.
PNL, PAR LES SENTIMENTS (Analyse Au DD) :
Si tu n’as jamais entendu parler de PNL et que tu vis en France, alors tu hibernes depuis 6 ans. Et si tu connais, tu peux n’avoir rien compris à leur univers (genre moi… Pendant 3 ans au moins …). Heureusement Maxime est là, et il a fait cette vidéo pour toi : tout le début de l’analyse repend l’historique du duo, son attirance inaltérable pour le sommet, sa fierté de l’origine gang des deux frères et leur profond mépris du reste du monde. Et puis…. On en arrive au fond, parce qu’évidemment ce que tu laisses apparaitre n’est pas qui tu es. Et ce n’est certainement pas en atteignant le sommet que tu sais mieux où tu en es. Ou alors si : tu réalises une fois en haut de l’inanité des hauteurs. Dans cette vidéo, Maxime te parle du retour à la réalité du groupe, de leur vraie mission de vie : d’être tous les deux, entre eux… ensemble… Deux frères….
LA VISION DE NÉPAL (Analyse Adios Bahamas) :
Népal, c’est mon rappeur préféré… Enfin c’était. Il nous a quitté en 2019. A chaque fois que je regarde cette vidéo, j’ai le cœur serré. Et je mets son vinyle sur ma platine. Dans cette analyse Maxime t’explique la merveille qu’était cet artiste. Farouchement anti capitaliste, il n’a jamais utilisé son immense talent pour devenir le meilleur rappeur main Stream complètement néo-libéral. Maxime décrit son album Adios Bahamas, dévoilé à titre posthume. Il nous présente la philosophie du rappeur, très orientale : sa propre perception du monde qu’il ne comprenait plus. On se rend compte du sommet spirituel qu’avait atteint le chanteur. Il est l’inverse du rap comme tu le connais. Népal s’auto-suffit, il sait jouir de la normalité de sa vie et surtout il sait s’arrêter, faire une pause à l’ère de l’hyper productivité. Népal est apaisant et stimulant à la fois. Dans tous les cas, il est la définition de l’inspiration pour moi.
J’ai quand même réussi quelque chose ….
Chauffé par la création de cette chaine, dans la tristesse totale de ne pas avoir mené ce projet de prez dans les lycées à bien, la vie m’a tout de même apporté un signe.
Mon entreprise accompagnait les grands groupes qui voulaient proposer à leurs salarié.e.s de lancer des projets innovants. Nous avons accompagné France TV en 2018. Un des projets était de former des jeunes lycéens à l’audiovisuel et de leur demander comment ils imaginaient la télé de demain.
Une des deux porteuses du projet (Merci à VIE pour ça Hélène) me demande si ça me dit de faire une prez sur comment apprendre à « pitcher » devant des jeunes de 3eme/2nde.
Enfin, j’avais l’occasion d’accomplir un bout de mon rêve.
J’ai évidemment dit oui, j’ai fabriqué une prez pour expliquer comment un entrepreneur fait pour pitcher en utilisant des lyrics de Booba, Youssoupha, Jok’air, Caballero, Lefa, Hornet La Frappe … Mais j’ai aussi ajouté du Instagram, Fortnite, Snapchat pour bien faire passer les messages de « mon cours ».
A ce jour, c’est un des souvenirs TOP 3 de ma vie professionnelle, et peut-être TOP 10 perso.
J’ai adoré ça, et j’ai eu le plaisir de voir que ça leur plaisait aussi. Voici la prez que j'ai faite à l'époque si ça te dit.
2 semaines plus tard, Hélène me donne un feedback qui restera à jamais gravé dans ma mémoire :
« Raphaël, tu te rappelles XXX (on sait jamais, imagine il lit un jour cette newsletter, je n’ai pas envie qu’il se tape l’affiche) ?
Il était là quand tu as fait la prez.
Il a failli ne pas y être d’ailleurs : sa prof principale ne sait plus comment s’y prendre avec lui. Il ne vient plus en cours, quand il vient, c’est pour foutre le bordel, il n’écoute rien, perturbe tout le monde, bref c’est compliqué pour elle.
Quand tu as commencé ta prez, il était même dos à toi, assis sur une table.
Puis tu as commencé à parler, il s’est retourné, a eu les yeux écarquillés quand tu parlais de ses rappeurs préférés et il a écouté.
Il n’a pas fait un des meilleurs pitchs ce jour-là, mais il a dit qu'il avait adoré ce cours à sa prof et qu'il avait énormément appris.
Merci pour lui"
Merci pour lui ???? MAIS MERCI POUR MOI OUAIS !!!! 😱🔥
J’ai rarement été aussi fier de moi que ce jour-là, pour deux raisons :
Avoir permis à XXX d’apprendre quelque chose avec passion parce que j’avais pris la peine de prendre son langage, qui par extension est aussi le mien.
Avoir confirmé ou validé à ma modeste échelle que le rap peut inculquer d'énormes valeurs et faciliter l'apprentissage.
Par essence, le rap c’est l’art de s’en sortir avec ce qu’on a, de visualiser où l’on veut aller et de se donner les moyens d’y arriver. Le rap, c’est la puissance de Nietzsche alliée à la consistance du stoïcisme pour lutter au côté de Marx contre la fatalité de la caverne de Platon.
Si tu connais quelqu’un qui adore ou qui déteste le rap, partage cet article !
C’est tout pour aujourd’hui, je te souhaite un bon dimanche et n’oublie pas :
« Puisque l’enfer c’est les autres, pourquoi vouloir faire comme les autres »
« Te laisse pas désarmer, la réalité tu la crées en partie »